mercredi 29 février 2012

A la suite de l'Océan

Il y a deux types de découvertes: celle des premières fois et celle des vues quotidiennes.
Celle des premières fois: il en va de ce qu'on vit en première fois. Une émotion, un sentiment, un dérangement de ce qu'on pensait figé, un pays, une rencontre, etc.
Et puis il y a celle des vues quotidiennes. Ce qui nous habite sans notre contribution, ce que l'on voit sans que l'on regarde, ce qui nous conditionne sans notre validation consciente, ce que l'on croit connaître....Il aura fallu plusieurs respirations dans l'Océan Indien pour que je m'intéresse à l’œuvre de conscientisation de ma propre architecture. De naissance tropicale vouée au culte de l'esprit riche (rive) gauche parisien, j'ai entamé un détour par Madagascar pour m'apercevoir que j'ai besoin de la France.

J'ai besoin de la France:
- des discussions philo prises de tête à propos du futile
- des discussions philo pour me souvenir que je maîtrise parfaitement cette langue française (la chaaaaance!)
J'ai aussi besoin de la France:
- pour ses champs et ses fermes en campagnes
- la nécessité de goûter des fromages et des vins en pagaille
- la nécessité de comprendre un jour l’œnologie (cela va avec l'apprentissage du finnois. Je suis convaincue de parler finnois un jour. L'italien aussi et l'allemand.)

Nos routes sont faites d’irréductibles brouillons.
De coups d'essais.
Comment vivre sans brouillons ?

mardi 28 février 2012

Parisiens

De Majunga, je m'avoue parisienne d'âme...C'est la faute à mon père qui m'a parlé rive gauche toute mon enfance. Lecture rive gauche, sourire rive gauche, restos rive gauche, cerveau rive gauche. Plus je me tropicalise, plus mon âme rive gauche refait surface. On ne retient pas ce qui cherche à vivre. Peut-être que mon père ne se doutait de la formation subtile à jamais infligée. Rive gauche par mon père malgache. Il en faut.

Me voici à me ressouvenir du philosophe de ma rue. Faisant l'apologie des pavés parisiens dans ces rues aux passages étroits, mi sombres mi éclatantes, aux amours milles fois déclarés. "Vous savez pourquoi les parisiens aiment bien emprunter ces rues en pavés en voiture?".

"Ca leur rappelle le mouvement sinueux de la vie qui vous secoue doucement, les pavés ont les formes du vivant, à la différence du goudron..."  

vendredi 17 février 2012

En talons sur le sable

Majunga.

Je dois beaucoup au sable.

Avez-vous (vous femmes) déjà essayé de marcher en talons sur le sable ? Il y a une technique pour débusquer l'enfoncement. Il y a une technique. La solution consiste à marcher sur la pointe avant de manière à maintenir l'alignement.

Je me suis posée souvent la question, entre les scoubidous et les chaussures à talons ? Que faire sous le soleil et sur le sable de la ville ? Scoubidous ? Chaussures ? Chaussures ? Scoubidous ? Citadine ou tropicale ? Tropicale ou citadine ? Citadine ou tropicale ? (voilà une préoccupation parmis d'autres plus "exigeantes"....).

Au début très tropicale, me voilà à nouveau citadine sous le soleil sur le sable de la ville. Sur la pointe des pieds, je marche sur le sable de la ville. Sur la pointe des pieds, je dois beaucoup au sable.

Le sable me ralentit. Sur la pointe des pieds, j'avance doucement. Ca me délecte. Ralentie par le sable. J'ai le temps. Ralentie par le sable, je suis obligée de prendre mon temps.


(une autre fois je vous parlerai des pavés parisiens).

mardi 14 février 2012

En mouvement

Il n'y a qu'à se mettre en mouvement et marcher. Il n'y a qu'à marcher et progresser. Il n'y qu'à accepter ce principe de radicalité. Ce mouvement poussif. Cette utilité de vouloir s'éloigner des naissances primaires et d'accueillir pleinement les mondes inconnus.

En mouvement du monde des possibles.

Passer de ce que l'on a, à ce que l'on est ?

Monde des possibles.

samedi 11 février 2012

Azur

Je suis née un matin azur et juillettiste parisien.

Je suis née française et extensible. Mon passeport est européen. Mes parents sont nés malgaches. J'ai rêvé américain. Je m'envisage Irlandaise. Terres du Connemara  aux allures mégalithiques et aux voix pastorales.

Je suis née française. L'Histoire m'a étendue européenne.

Je me reconnais issue de la foule éparse, magnanime, composite et multiple. Je me reconnais dans la déferlante de ses personnages extensibles, par indivis. J'évolue à la faveur de la multitude constituante et je cumule par ordre cosmique des magmas de civilisations.

J'envisage mon identité éparse, enrichie des voyages passés ou invisibles, à la jonction des rencontres et des métamorphoses nomades, hétérogène, sans ordonnance, à l'anatomie multi-directionnelle.

Erri de Lucca de dire: "chacun de nous est une foule".

vendredi 10 février 2012

Les arbres grandissent

Les arbres grandissent et s’élèvent indéfiniment.

Indéfiniment, un projet humain.

jeudi 9 février 2012

Empiriquement

Je pose une vraie question : pourquoi nous - être humains - avons cette capacité à mieux nous rencontrer après les orages ?

Les conflits servent surtout à s'approcher. A démolir des murs d'isolement et d'illusions à propos des autres. Et si nous acceptions seulement d'intégrer l'humilité ?

mardi 7 février 2012

Partition

Le temps s'invente. Le temps s'apprend et s’éduque. Le temps ne passe pas, il habite nos vies. Le temps demeure et se donne à celui qui l'invite. Le temps est généreux, il se partage à tous.

Le temps est intime et spécifique. Il dit ma réalité, mon histoire et mes projets. Le temps est une lettre de noblesse. Il honore nos vies. Le temps s'emprunte au risque de se perdre. La question étrangle: "J'ai pas le temps" ou "J'ai pas la vie" ?.

Le temps parle de nos propres partitions. Le temps s'invente et s'écrit.

samedi 4 février 2012

Nos voisins vivants

Nous êtres vivants, avons conscience d'appartenir à ces mondes telluriques et cosmiques. Nous êtres vivants avons quitté trop souvent notre véritable nature, celle d'être vivant. Celle de cultiver une harmonie certaine avec le vivant qui nous entoure: faune et flore et autres corps invisibles. [Je me vois marcher au cœur de la forêt bordés par des lacs géants d'un état d’Amérique et qui vibrent de joie à mon passage].

Nous êtres vivants se croyant surpuissants et tombons en déception quand nos comportements de fission avec la Nature deviennent extrême.

Nous être vivants issus du vivant et portés à le rester, avons besoin d'aimer notre véritable nature d'êtres humains. Je prends rendez-vous avec moi-même.

vendredi 3 février 2012

Trop bon l'ennui

L'ennui c'est le plaisir de chercher sans vouloir trouver. Pour cultiver, pour émerger les disponibilités.

Voilà, alors pour que l'ennui s'institue en tant que noble activité, j'aimerais que nos sociétés s'habituent à célébrer le vide. Sans terreur.

Des écoles et des entreprises remplis de plages d'ennuis. Remplis de "Tu fais quoi là?", "Je fais rien", "Mais c'est super çaaaa, beinh continue alors, A plus !".

mercredi 1 février 2012

Les déracinés ont des ailes

Dépourvus de leurs intimes albums, les déracinés s'interrogent sur des terres inconnues.

Leurs mains cherchent et creusent le sol par instinct de survie. Ils ont l'arrivée du voyage sans connaître le départ.

A force d'y croire, ils finissent par dessiner leurs propres ailes.